Rasé comme un thaï

- Coiffeur de rue, Hanoi. Nb : Ce n'est donc pas moi. -

Ceux qui me connaissent un peu savent que le coiffeur et moi ça fait deux : normal, je suis crollé, il me semble d'ailleurs qu'en humanité j'avais joué un sketch sur ce thème là. Quoi qu'il en soit, cela faisait deux mois que j'évitais tant que possible d'y passer malgré les rappels incessants de Caro. Mais un beau jour à Sukhothaï, on passe devant un salon devant lequel trois jeunes en manque de travail papotaient, et je me suis dit ok let's do it ! Je vais leur en donner du travail. Je m'assure que c'est ok pour eux et trente minutes plus tard je suis de retour pour ce qui va être une sacrée aventure !

Je rentre dans le salon, je suis au début le seul client vite rejoint par un autre. On m'a réservé l'employé le plus âgé, que je réveille à moitié dans son sommeil en débarquant dans la petite pièce. Il ne parle pas un mot d'anglais, pas de problème, je lui montre la taille actuel de ma tignasse et je lui décris ce que j'aimerais bien qu'il me reste sur le crâne avec des gestes. Derrière nous, les trois jeunes s'installent pour observer le spectacle.

C'est parti ! Technique plutôt brute, pas de shampoing, on coupe direct. Il ne prend même pas la peine de me coiffer, je suis traité comme un vieil arbuste. Après 10 minutes, soulagement, il n'a pas sorti la tondeuse et me demande si la taille est celle que je souhaitais, je lui fait signe de couper encore légèrement. Mouais, ça c'est international, je demande un demi centimètre en moins et je me retrouve sans cheveux. Il s'emploie à faire les finitions et aie la tondeuse est sortie. Et puis, gros stress, il m'imprègne les favoris et l'arrière de la nuque d'un produit à l'odeur de désinfectant... Il ouvre son tiroir et en sort sa lame. 5 minutes plus tard, il a bien fait ça, je n'ai pas l'impression d'être en sang, mais oh que vois-je ? Jean-Paul a décidé de me raser de près un centimètre en dessous de chaque favoris.

J'ai juste l'air débile avec ma coupe d'asiat rasé sur les côtés et une barbe cassée par son effet rasage de près bizarre. Nos regards se croisent et il comprend qu'il devra m'enlever complètement tous les poils peuplant mon visage. Un coup de pédale sur la chaise et je me retrouve allongé. Il me barbouille la tête de mousses et commence son office qui durera 15 longues minutes. Il changera 3 fois sa lame, il faut croire que mes poils de barbe sont plus résistants que les leurs. J'avais jamais connu cette sensation là et c'est difficilement descriptible, c'est à la fois rafraîchissant et horrible (surtout à proximité des lèvres !). Après avoir serré les dents pendant un quart d'heure, il me remet droit et je peux observer le tableau, moi, il y a 10 ans... 

Bref, j'ai été rasé comme un Thaï !

(Et Caro s'est fait une joie de m'appeler "tête d'oeuf" les cinq jours suivants.)



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