Meas Family Homestay : Highlight !

Le Cambodge, il faut l'avouer, était le pays qui nous parlait le moins des quatre à visiter. Quelques semaines avant le voyage, je refermais le Routard Cambodge (faute d'avoir déjà mis la main sur le Lonely) avec l'impression qu'y accorder un mois serait finalement une grave erreur. A le lire, j'en avais tiré la conclusion que la visite de ce pays - Angkor mis à part - était déprimante, qu'il n'y avait que très peu de sites justifiant le détour et, qu'avec un peu de chance, on choperait la malaria au passage. Et je me suis mise à regretter notre choix.

Mais le Cambodge, le Cambodge ! Après presque deux semaines de vadrouillage à coups de scooter, de tuk-tuk et de vélo, on a déjà une foule de souvenirs fous de ce pays extrêmement touchant du fait de son passé lointain et proche, à la fois étonnamment glorieux et tristement dramatique.



Et pour saisir véritablement toute la mesure des effroyables années qu'a traversées le peuple cambodgien, il nous a fallu rencontrer une famille extraordinaire. Ayant renoncé à Sihanoukville et ses jolies îles, il nous restait du temps devant nous et, en souvenir du séjour dingue passé dans une famille des montagnes du nord-ouest vietnamiens, on s'est retrouvé à chercher une homestay entre Kep et Phnom Penh, dans la province de Takeo où les touristes ne s'aventurent pas ; la zone quoi. C'est comme ça qu'on est finalement arrivé le 13 décembre chez la (grande) famille Meas dans une propriété au calme bienvenu au beau milieu des rizières. On passera ces quelques jours avec deux amis néo-zélandais, Jono et Lance, voyageant à travers l'Asie chacun de leur côté. Siphen, la maman, est d'autant plus heureuse de nous accueillir que sa fille de 21 ans étudie actuellement pour un an en Belgique (cette année, seules vingt bourses Erasmus ont été octroyée pour un total de dix pays asiatiques, autant dire que c'est un exploit). Tandis qu'elle enseigne la journée au lycée (highschool) local, elle a monté une association qui permet de préparer les étudiants bénéficiaires à entrer plus tard à l'université. De 16h à 18h, du lundi au samedi (parfois même le dimanche), une trentaine de kids âgés de 14 à 18 ans se rassemblent après les cours pour une leçon d'anglais, essentiellement.

Dès le jour de notre arrivée, on fait connaissance avec ces incroyables ados contents de pouvoir échanger quelques mots d'anglais avec des étrangers. Ils veulent devenir médecins, infirmiers, ingénieurs ou encore "manager in a bank" et travaillent avec énormément de sérieux pour se donner une chance d'y parvenir. Le lendemain, à leur demande, on improvise un cours de français. D'abord sur le coin d'un tableau avec un petit groupe de quatre étudiants, je me retrouve rapidement avec plus d'une vingtaine de têtes devant moi qui s'appliquent à tout recopier dans leurs cahiers. Pendant ce temps, Greg donne dans le cours particuliers estampillé "Joyeux Noël et Bonne année" entouré d'un groupe plus restreint. Wahou, c'était dingue ! Et lorsqu'il commence à faire noir, c'est l'heure des au-revoirs qui sonnent dans leurs voix comme de petits adieux tristes et sincères et on se retrouve à serrer dans nos bras chacun à leur tour ces petites boules d'énergie et d'amour tellement volontaires et lucides malgré, quelquefois, le manque d'assurance qui leur passera avec l'âge.







L'autre séquence émotion du séjour, c'est Mach, le père, qui nous rejoint tous les quatre un soir après le repas pour nous raconter les décennies extrêmement difficiles qu'il tente de laisser derrière lui. Depuis les débuts de la guerre civile en 1970, sous l'influence de la guerre du Vietnam, jusqu'au régime de Pol Pot (1975-1979), les années de terreur sous l'oppression des Khmers rouges et les gouvernances chaotiques qui ont traîné le pays dans l'horreur et la misère la plus effroyable jusqu'à la fin des années 90, les cambodgiens semblent se relever à peine, à l'échelle du temps, d'atrocités difficilement concevables pour nous, occidentaux, pour qui la notion de guerre appartient tellement au passé. Mach, qui n'a jamais connu la date de son anniversaire, nous a confié sa persévérance (il était enseignant à l'heure où l'on exterminait les intellectuels, même les professions un tant soi peu liées à la question de l'éducation), sa survie et ses espoirs de voir son pays avancer enfin vers un avenir plus juste. Pour autant, il sait que les vrais bénéfices ne pourront être perçus que par la génération suivante mais il continue de s'investir pour que ces espérances adviennent un jour. Un moment vraiment fort..






3 commentaires:

  1. Que de belles émotions dans les images et le texte!
    Quelle bonheur pour nous de voir le coeur de nos enfants s'ouvrir sur ces gens tellement "autres" et tellement vrais!

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  2. Clap clap clap clap...Beau récit! Je sors justement du Shopping de Woluwe comme chaque jour (shopping de plus en plus full chaque jour de part les préparatifs de Noel... Vive la crise!) ... cela contraste pas mal avec ce que vous vivez :-). Continuez à profiter! CARPE DIEM !

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  3. Très touchants sont vos témoignages,
    Magnifiques sont vos images,
    Avec toujours autant d'émotion,
    Et beaucoup de compréhension,
    Continuez à nous émerveiller !

    Patrick

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